Dr. Hubert & Dr. Burvenich - Mwangaza

Deux experts pour former Mwangaza à la phaco

    Le 6 octobre dernier, le Dr Hubert et le Dr Burvenich, deux ophtalmologues en Belgique, se sont envolés pour la RDC afin de former le personnel de la clinique ophtalmologique Mwangaza de Kolwezi à la technique de phaco-émulsification. Celle-ci permettra de traiter efficacement de nombreux cas de cataracte. Ils expliquent ici leur démarche et leurs impressions sur la visite.

     Comment se pratique la phaco-émulsification et quel a été votre rôle dans cette visite ?

    Dr Hubert : « Nous effectuons une petite incision de 2.4-3mm dans la cornée. Ensuite, nous fragmentons le cristallin opacifié en quatre et l’aspirons cadran par cadran par ultrason. Une fois l’enveloppe du cristallin nettoyée, nous y injectons une lentille artificielle pliable. Pour cette visite, je me suis pleinement impliquée dans cette formation et pour paramétrer la machine à phaco. »

    Dr Burvenich : « De mon côté, j’ai apporté mon soutien et analysé l’état actuel et les besoins en termes de soins oculaires à Mwangaza. »

    Une autre technique est également utilisée pour la cataracte… ?

    Dr Hubert : « SICS (Small Incision Cataract Surgery): nous incisons dans la sclère, membrane blanche de l’œil, pour retirer le cristallin abîmé. L’incision fait ici 6-7mm, pas si small (!) comparée à celle de la phaco. »

    Dr Burvenich : « Les ophtalmologues congolais sont très compétents en SICS et nous pouvons apprendre beaucoup d’eux dans ce domaine. Cependant, cette visite se concentrait plutôt sur la phaco afin de permettre aux médecins d’opérer davantage de types de cataractes. »

    Dr. Hubert

    Dans un premier temps, comment avez-vous formé les ophtalmologues à cette technique ?

    Dr Hubert : « Nous avons utilisé un kit « Kitaro ». C’est une invention japonaise qui permet aux ophtalmologues d’effectuer certaines manipulations sur un œil artificiel, notamment la phaco. C’est très réaliste et cela donne une bonne base aux médecins pour s’exercer aux opérations ! »

    Comment avez-vous ensuite pratiqué les opérations sur œil réel ?

    Dr Hubert : « Nous avons effectué trois jours d’opérations, avec au total près de 20 opérations oculaires. La sélection que nous avions opérée au préalable était intéressante, car les cataractes étaient suffisamment molles et peu avancées pour pratiquer l’opération en phaco. Cependant les cataractes ici sont plus compliquées qu’en Belgique. Nous avons aussi pu traiter différents types de cataractes, chaque fois avec une technique différente.

    Dr. Hubert en geopereerd kindje

    Nous avons notamment soigné un enfant de neuf ans atteint de cataracte bilatérale et complètement aveugle. Dans cette région, il y a davantage de jeunes patients atteints de la cataracte qu’en Belgique. Grâce aux conseils de deux collègues, cet enfant a été opéré avec succès. Le lendemain, il avait déjà recouvré la vue et pouvait retourner à l’école. »

    Dr Burvenich : « Cet enfant a retrouvé une vision de 6-7 sur 10 dans les deux yeux. Le bonheur de l’enfant de pouvoir voir à nouveau et même de rejouer au football lui a fait chaud au cœur. De tels moments soulignent l’impact positif de la technique phaco en RDC. »

    Quelle est votre impression générale de la clinique Mwangaza ?

    Dr Burvenich : « Dans l’ensemble, cette visite a été une expérience très positive. J’ai notamment été impressionné par la qualité de l’anesthésie à Kolwezi, qui a été réalisée sans problème les infirmiers spécialisés. Les consultations ont été bien organisées et j’ai effectué quelques contrôles de suivi sur des patients opérés avant notre arrivée. Les résultats sont bons, ce qui témoigne de la bonne qualité des soins oculaires dispensés à Kolwezi. »

    Dr Hubert : « C’est mon deuxième passage dans cette clinique et je suis globalement ravie des efforts entrepris par son équipe. Chaque médecin a effectué une opération de la cataracte de A à Z, sous ma supervision, bien sûr. Ce qui a changé ? Avant, tous les instruments opératoires étaient stérilisés et le chirurgien devait prendre ceux dont il avait besoin au moment même, ce qui augmentait le temps d’opération. À présent, seuls les instruments nécessaires sont disposés à l’avance sur la table et rangés dans des boîtes spécifiques. Un grand pas en avant donc ! »

    Pourquoi avoir choisi de donner cette formation pour Light for the World ?

    Dr Hubert : « Je me suis déjà rendu dans les cliniques d’autres pays du monde, mais il s’agissait de voyages de courte durée lors desquels je soignais un nombre limité de patient et je partais ensuite. J’aime travailler avec Light for the World, parce que je sens que je laisse vraiment une trace après mon passage. En formant ces spécialistes, ils pourront améliorer leur service et soigner plus de personnes dans le besoin. Il y a également un échange avec les autres cliniques et avec nous en Belgique. Par exemple, ils peuvent m’envoyer des photos et vidéos des opérations, que je peux commenter à distance, grâce à un adaptateur pour le microscope. »

    Dr. Burvenich

    Comment voyez-vous l’avenir de la phaco en RDC ?

    Dr Burvenich : « Les deux médecins de Kolwezi ont fait de grands progrès pendant notre formation. Ils vont maintenant être suivis et soutenus par le Dr Francine, une ophtalmologue expérimentée de Lubumbashi qui maîtrise la technique de la phaco. Il est important que la formation continue se déroule localement afin que notre présence ne soit plus nécessaire. Leurs esprits sont ouverts à l’entraide et je suis sûr qu’ils continueront à se soutenir mutuellement. L’avenir de la phaco en RDC est donc prometteur. »

     

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